Le triste destin d'un nid d'hirondelles sur la terrasse
Il y a quelques jours, deux hirondelles ont virevolté longuement au-dessus de la terrasse, avant de se sont poser sur la poutre qui la surplombe.
Elles semblaient à la recherche d'un coin propice à la construction d'un nid. Mon mari a bien sûr refusé catégoriquement de leur délivrer un permis de construire, se rappelant l'état de la terrasse des voisins, couverte de fientes, l'été dernier. Mais je lui ai fait remarquer que des amis avait trouvé un remède en fixant une planche sous le nid. Je lui ai dit que nous pourrions nous protéger de la même façon et je me suis faite l'avocate de ces pauvres hirondelles SDF.
Il a donc fini - mais vraiment à contrecoeur et pour me faire plaisir - par accepter qu'elles commencent leur construction. Je pensais bien sûr à toutes les belles photos que j'allais pouvoir prendre et j'imaginais déjà un nid rempli d'oisillons piaillant, le bec grand ouvert. Malheureusement cette histoire n'a pas eu la fin heureuse que j'avais imaginée.
Ces hirondelles n'étaient vraiment pas farouches. A condition que nous nous déplacions avec précaution, notre présence ne les dérangeait guère. Elles nous observaient calmement, de temps en temps, du coin de l'oeil.
Elles semblaient avoir trouvé le coin idéal et l'une d'elles avait commencé la construction.
Ellles étaient très propres. Pas un seul petit caca sur la terrasse. Je me suis même dit qu'elles étaient peut-être constipées. J'ai appréhendé le jour où ce dysfonctionnement intestinal se transformerait peut-être en gastro.
Cela s'est gâté à cause de problèmes sexuels. Le mâle était apparemment tombé amoureux d'une demoiselle qui n'était pas très portée sur la chose. Dès qu'il essayait de grimper sur elle, elle poussait des cris offensés et l'éjectait d'un battement d'ailes, semblant lui dire "Dégage".
Ayant fait de nombreux essais infructueux, il a essayé de la raisonner avec des arguments qui semblaient convaincants. Si, si, je vous assure, grâce à des dons de télépathie très spéciaux, je comprends, entre autres, le langage hirondelle. Il lui disait: "Tu ne crois pas que je vais m'éreinter à faire un nid pour rien. Un nid c'est fait pour pondre et pour couver, mais avant cela, ma belle, faut passer à la casserolle. Tu ne vois pas que c'est un endroit idéal. Le propriétaire nous regarde d'un sale oeil, je te le concède, mais la mamie a très bonne réputation parmi nos congénères. Elle est du genre "sympathisante de la LPO".
Non, non, rien à voir avec la libération de la Palestine, il voulait parler de la Ligue de Protection des Oiseaux.
Mais mettez-vous à la place de cette jeune hirondelle sûrement très romantique. Il se tenait toujours loin d'elle, sur la poutre, ne lui adressant même pas la parole et tout à coup il lui sautait dessus, alors qu'elle aurait sûrement aimé qu'il lui susurre d'abord des mots doux à l'oreille, qu'il lui fasse des papouilles. Mais les préliminaires, il ne connaissait pas, ce malotru !
Cependant lendemain matin, la situation semblait avoir évolué. Monsieur, tout gaillard après des ébats amoureux, s'était vraiment mis au travail. Pendant les pauses, au lieu de lui tourner le dos, comme avant, il se tenait près d'elle, sur la poutre et lui parlait doucement.
Malheureusement même sans être spécialiste en la matière, je pouvais voir qu'il était un bien piètre architecte. L'ouverture qu'il avait prévue était trop petite. D'aiilleurs il s'en est apercu car, le lendemain, il avait supprimé le début du côté droit, qu'il avait commencé la veille, et l'avait reconstruit quelques centimètres plus loin, de façon à agrandir le nid.
Mais c'était quand même du grand n'importe quoi. Je voyais l'affaire mal partie. En plus en séchant cette sorte de ciment s'effritait et tombait. Je crois que c'est parce qu'il faisait trop chaud (32 à l'ombre ce jour-là).
Hier matin quand je me suis levée, il ne restait pratiquement rien du nid. En-dessous il y avait plein de fragments de ciment tout secs.. J'imaginais le désepoir de ces pauvres hirondelles en découvrant les dégâts. En effet quand elles sont arrivées pour reprendre leur travail, elles se sont mises à pousser des cris stridents. Je pensais qu'elles allaient recommencer pratiquement à zéro mais, après une courte discussion, elles ont apparemment pris la décision d' abandonner. Elles se sont envolées et je ne les ai plus revues
En fait c'est très bien comme cela car, d'une part je pense qu'elles auraient fait beaucoup de saletés, et d'autre part cela aurait été pire si le nid s'était cassé plus tard avec des oeufs ou même des oisillons à l'intérieur. Cela est arrivé une année chez des amis. Le nid était tombé et ils avaient été très tristes de trouver un matin, sur leur terrasse, des oeufs cassés et des oisillons morts.
On ne peut pas dire "Tout est bien qui finit bien" mais ç'aurait pu finir encore plus mal, Et puis cela m'a quand même donné matière à une nouvelle histoire vraie. Elle s'est passée en l'espace de quelques jours, la semaine dernière.