Visite d'un lièvre
Je pense que vous vous souvenez du pigeon voyageur qui avait élu domicile dans notre jardin et qui, si je ne faisais pas bien attention de refermer la porte derrière moi, serait bien entré dans la maison. Eh bien maintenant il va falloir que je me méfie du lièvre qui semble vouloir aussi entrer chez nous.
Mon mari était installé devant son ordinateur près de la porte vitrée. J'étais plongée dans un roman policier suédois à l'autre bout de la pièce. Tout d'un coup il chuchote très fort : "Le lièvre! Je ne bouge pas". En effet quand je me suis précipitée avec mon appareil, mon mari s'était complètement figé. Je lui ai reproché plusieurs fois âprement d'avoir effrayé un animal, me privant ainsi d'une belle photo, alors maintenant il fait attention. Il ressemblait vraiment à un arrêt sur image, un bras à moitié levé.
Le lièvre était à environ un mètre de la porte vitrée, immobile, jetant un coup d'oeil intéressé vers l'intérieur.
Il s'est avancé prudemment vers la porte, mais en semblant avoir la ferme intention d'entrer chez nous et en continuant à nous surveiller du coin de l'oeil.
Et puis il s'est enhardi et s'est avancé menaçant avec un air de taureau entrant dans l'arène. J'ai tout de suite senti q'il ne s'agissait pas d'une simple visite de courtoisie. Je me suis rappelé que le pigeon voyageur avait le même air courroucé quand il se plantait devant la porte, furieux que je ne lui aie pas donné à manger.
Alors j'ai compris qu'il s'agissait là aussi d'une RÉCLAMATION, qu'il falllait prendre au sérieux. .
Il faut que je vous explique. J'ai semé des cosmos en mai et j'ai eu la chance qu'après un départ difficile dû au mauvais temps, ils soient maintenant en pleine forme. J'en ai même tant qu'un jour je me suis dit que je pouvais prendre le risque d'en sortir un de la terrasse clôturée et de le mettre sur la pelouse, sur le reste d'un tronc d'arbre abattu l'an dernier.
Et bien entendu ce qui devait arriver arriva. Dès le lendemain matin, j'ai vu que sur sur le côté droit, ces fines feuilles appérissantes avaient toutes été dévorées soit par un lièvre soit par un chevreuil. J'ai donc voulu sauver mon cosmos en le remettant sur la terrasse. Je m'imagine la mauvaise surprise qu'a eue le lièvre quand il s'est aperçu que "son" cosmos avait disparu. Pas étonnant donc qu'il soit en colère après moi.
J'ai eu honte de mon manque de générosité et je suis allée illico remettre cette plante sur la pelouse. Elle se régénère apparemment rapidement car là où il avait mordu, des jeunes pousses étaient déjà réapparues.
Sur Facebook, cette visite serait "une invitation à être ami". C'est en tout cas comme cela que je l'ai ressentie et j'ai décidé d'ajouter ce lièvre à la liste de mes amis / "pensionnaires" Bénéficiant désormais de ce statut, le lièvre a eu droit à une grosse carotte bio que j'ai placée au pied de la plante. Le lendemain matin (c'est-à-dire hier) la moitié de la carotte avait été grignotée.
Je dis "le lièvre" mais en fait, en comparant les photos à celle du lièvre qui était venu renifler mes tagètes, il me vient un doute. Je trouve à ce dernier une allure beaucoup plus virile et un regard macho. Il a le corps d'un athlète, tout en muscle, pas un gramme de graisse.
Alors que l'animal qui est venu réclamer à manger a un regard plein de douceur et une rondeur toute féminine.
Je suis allée vérifier sur le Net et en effet je pense que c'est une hase. J'ai donc non pas UN nouveau pensonnaire, mais DEUX. Désormais je couperai les carottes en deux, afin d'éviter les scènes de ménage.