Mes mésanges bleues

Publié le par Françoise Andersen

Avant 2000, quand nous habitions en appartement au Danemark , dans la banlieue de Copenhague, nous possédions une petite maison en bois, à 2 km de chez nous. Nous y habitions de mai à septembre. J'aimais cette alternance entre la vie confortable que nous avions l'hiver et ces longues vacances presque du genre "camping". C'était en effet primitif (cabane au fond du jardin avec WC chimiques, douche à l'extérieur, puisard, pas de machine à laver, etc.), mais quelques minutes nous suffisaient pour retrouver notre confort. D'ailleurs nous passions presque tous les jours à l'appartement pour relever le courrier ou prendre notre douche, s'il faisait trop froid pour la prendre dans le jardin.

Beaucoup de citadins ont le même rythme de vie, dans un de ces jardins qui se trouvent à la périphérie des grandes villes. Je vous en parlerai un autre jour.

Mes mésanges bleues

Une année, j'avais installé dans le poirier une mangeoire destiné aux mésanges bleues, qui venaient l'hiver y grignoter mes boules de graisse et de graines. Nous passions en effet de temps en temps au jardin, même l'hiver, pour la remplir. C'était souvent notre promenade du dimanche.

Espérant avoir au printemps suivant des bébés mésanges, j'avais aussi acheté un nid dans un magasin spécialisé: c'était un tronçon de bouleau évidé au milieu, avec un petit trou devant et un couvercle au-dessus. La première année avait passé, mais il était resté désespérément vide. Mon vieux voisin m'avait dit avec sagacité: "Il n'est pas encore mûr." Je n'avais pas osé lui demander des précisions, ne sachant pas si c'était de l'humour ou de la sénilité. Mais j'ai ensuite pensé qu'il voulait peut-être dire par là que les oiseaux devaient s'y habituer, qu'il devait prendre l'odeur environnante, etc. En fait je crois que c'est bien ça qu'il voulait dire.

Mes mésanges bleues

L’année suivante, en mai, j’étais installée dans mon jardin et je travaillais derrière mon petit ordinateur portable. Je levais de temps en temps les yeux de l’écran pour chercher l’inspiration. Tout à coup, un oiseau m’est passé devant le nez. C’était une petite mésange bleue. Elle est allée s’installer sur une branche proche du nid.

Ce n’était pas la première fois que ça arrivait. J’avais eu beaucoup de déceptions, croyant chaque fois à l’arrivée d’un locataire potentiel. Je me suis donc bien gardée de me réjouir trop vite. Cependant l'oiseau avait vraiment l'air intéressé.

Mes mésanges bleues

Après un bref examen, il s'est engouffré à l'intérieur, mais il est ressorti rapidement et a disparu. Pourtant, quelques minutes plus tard, il est revenu accompagné de deux autres mésanges. Il s'est alors passé quelque chose de très drôle: j'avais vraiment l'impression qu'il s'agissait d'un agent immobilier qui faisait son boniment à un jeune couple en mal de nid. Il leur racontait un tas de choses et Monsieur et Madame Mésange écoutaient sagement, en se jetant de temps en temps des regards en coin. Finalemenent Monsieur Mésange a eu l'air convaincu. et il est entré dans le nid pour le visiter. Ensuite ça a été le tour de Madame. Cette fois l'agent immobilier ne disait plus rien. C'était le couple qui discutaillait ferme. L'affaire a été rapidement conclue, et peu après la femelle a emménagé et est restée dans le nid.

Le mâle venait lui apporter à manger, mais il n’entrait pas. Il se perchait sur un branche et poussait un petit cri caractéristique, auquel peu après la femelle répondait de la même façon. Quand ils étaient sûrs tous les deux qu’il n’y avait pas de danger, elle sortait manger ce qu’il lui avait apporté. Ils discutaient un peu, se bécotaient, et puis elle rentrait couver ses oeufs.

Je ne me rappelle plus combien de temps cela a duré, mais je sais qu’un jour, j’ai soudain entendu des pépiements en provenance du nid. Ils ont fait vibrer ma fibre maternelle, presque autant que les vagissements de mon premier né, trente ans auparavant. Malheureusement, nous devions partir le lendemain pour la Grèce. Ne connaissant rien à l’ornithologie, je m’imaginais que les oisillons allaient encore être là à notre retour, 15 jours plus tard.

Hélas, quand nous sommes rentrés, un silence suspect régnait autour du nid. J’ai attendu en vain. J’ai fini par soulever le couvercle : rien à l’intérieur. Je me sentais très frustrée qu’ils soient partis en notre absence. Je m’étais fait une telle joie de voir le premier vol des bébés mésanges...


J’ai pris un livre et je me suis installée dans le hamac qui était suspendu, chaque été, entre le pommier et le poirier. C’était mon lieu de prédilection, surtout quand les arbres étaient en fleurs.

Mes mésanges bleues

Tout à coup, ma lecture a été interrompue par des pépiements stridents qui venaient du poirier. J’ai levé les yeux, et j’ai vu cinq ou six petites boules jaunes et bleues. Les oisillons étaient revenus dans leur arbre !

Il y a comme cela des instants de grand bonheur. Au-dessus de moi, les feuilles des arbres formaient avec le bleu du ciel une mosaïque qui changeait d’aspect au gré du vent et, à travers cette mosaïque, le soleil me faisait, de temps en temps, des clins d’oeil. Alors je me suis dit que la vie pouvait parfois être très chouette.

Publié dans OISEAUX

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D
Bonsoir Françoise.<br /> <br /> J'ai un souci je n'arrive plus trop à venir sur tes articles.<br /> <br /> Comment font les autres personnes ?<br /> <br /> Et quand tu me réponds, impossible de venir lire ta réponse, ça me donne l'adresse de ton blog et non l'adresse de l'article où tu m'as répondu !<br /> <br /> Huggs :-))
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F
J'ai horreur de reconnaître que j'ai peut-être eu tort de vouloir rester sur OB, mais je vais peut-être quand même être obligée de déménager. Tu n'es pas la seule à avoir des problèmes pour me rendre visite. Thérèse74 a été obligée de se réabonner. L'abonnement avait disparu sans qu'elle ne fasse rien. Et moi je commence aussi à avoir de graves problèmes: on ne peut plus avoir accès aux autres pages sur Histoires vraies après un article, et au lieu de se publier les articles se mettent ( et restent) dans &quot;programmé&quot; etc. etc. La liste de mes récriminations serait trop longue à énumérer...