Thriller ornithologique

Publié le par Françoise Andersen

 

Cette année, c'est au-dessus de la terrasse, qu'une maman merle s'est mise à couver dans un recoin bien abrité du vent et de la pluie. Il y a une dizaine de jours, j'ai entendu des pépiements et j'ai vu trois petits becs grand ouverts qui réclamaient de la nourriture. Heureusement, la maman est vite revenue leur donner à manger. J'étais contente d'avoir à nouveau de gentils pensionnaires.
 

Quelques jours ont passé. Le papa venait aussi nourrir les petits. Ne voulant sûrement pas faire trop d'allers et retours, il arrivait à chaque fois avec trois petits vers de terre. On aurait pu croire qu'il savait compter! Tout allait donc pour le mieux jusqu'au jour où, au retour d'une promenade, j'ai constaté avec horreur que le nid était par terre, vide. Je savais bien que les oisillons étaient trop petits pour avoir déjà quitté le nid. Mon voisin, Bent,  m'a dit: "C'est sûrement une pie qui est venue les manger."  Je ne l'ai pas cru, car il me semble que les pies mangent les œufs des oiseaux mais pas les petits. Je soupçonnais plutôt le gros matou que j'avais vu rôder la veille sur la pelouse. En tout cas, quel que soit le coupable, j'étais bien triste.
 

Mais tout à coup, alors que j'examinais le nid qui était tombé sur des fleurs, j'ai eu la surprise d'apercevoir, un peu plus loin, un petit merle à qui il manquait encore quelques plumes sur le dos. Il avait l'air mourant et je me suis dit qu'il ne survivrait pas longtemps, car il faisait encore très froid la nuit. En me levant, le lendemain matin, la première chose que j'ai faite a été d'aller regarder le thermomètre. J'ai constaté avec horreur que la température était descendue à 2 degrés.


Nul doute que le seul rescapé était mort de froid pendant la nuit. Je n'osais pas aller sur la terrasse, me voyant déjà obligée de soulever le petit cadavre pour aller l'enterrer dans le jardin. Je me suis dit que cela ne servait à rien d'attendre et je suis sortie. J'ai été stupéfaite de voir qu'il respirait encore. Il a même ouvert le yeux et levé la tête vers moi. Peut-être que la maman merle s'était occupée de lui. Elle était venue en tout cas, j'en étais sûre, car elle avait commencé à reconstruire un nid par terre, autour de lui, pour le protéger. 
 

Il m'est tout à coup venu à l'idée que les deux autres bébés merles étaient peut-être encore sur le mur. J'ai donc pris un escabeau et effectivement, ils étaient deux. Il y avait même aussi un œuf.



 
Peu après, j'ai vu la mère qui s'était installée directement sur le mur au-dessus de l'oisillon que j'avais photographié à côté de l'œ
uf. Mais l'autre, qui était un peu plus loin, avait l'air frigorifié. Je sais qu'il faut laisser faire la nature et ne pas intervenir, mais j'avais vraiment envie de l'aider. Il ne faut surtout pas toucher le nid ni les oisillons, car il paraît que la mère sent l'odeur humaine et ne s'occupe alors plus de ses petits. Mais j'ai pris un bâton et j'ai remis le nid sur le mur, en partie au-dessus du petit merle, pour qu'il ait moins froid. Apparemment, la maman a bien accepté ce geste car, peu après, elle était installé dans le nid et il n'y avait plus d'oisillons à l'extérieur.
 

Nous sommes partis faire des courses et en rentrant, nouvelle catastrophe: il n'y avait plus rien sur le mur. Le nid était à nouveau par terre, la maman envolée et des deux oisillons avaient disparu.
 

Cela devenait de plus en plus énigmatique. J'ai cherché parmi les fleurs et j'ai vu, à une certaine distance de l'oisillon qui avait passé la nuit par terre, un autre petit oiseau. J'avais bien envie de le mettre près de son frère pour qu'il ait plus chaud, mais comment le déplacer sans le toucher et sans lui faire de mal? J'ai donc préféré ne rien faire. Le pauvre petit me regardait pourtant avec un air que j'ai trouvé suppliant. Il avait en plus eu la malchance de tomber sur un petit rosier. J'ai été obligée de l'abandonner à son triste sort, en espérant que la maman allait pouvoir l'aider.


Quelques heures plus tard, le thriller continuait: il avait disparu. Mais je l'ai vite retrouvé. Il était bien au chaud serré contre son frère. Il avait apparemment eu la force de se traîner jusqu'à lui.

Mais où était le troisième? J'ai eu beau chercher, je ne l'ai pas trouvé. Enfin je me disais que deux rescapés sur trois, ce n'était pas si mal, surtout étant donné que j'avais, un moment, cru qu'ils avaient tous été dévorés vivants par le chat.
 

Je me disais que c'était la fin de mon histoire et qu'en fait elle se terminait assez bien. Mais elle ne s'est terminée que le lendemain, quand j'ai vu, non pas deux petits becs, mais trois. Entre temps, la maman avait presque reconstruit un nid par terre, autour d'eux, et je suppose qu'elle y a passé la nuit avec eux. Avant-hier, quand j'ai voulu prendre une nouvelle photo, le nid était vide. Ils doivent être quelque part dans le jardin. La maman va encore les nourrir pendant quelques jours, avant qu'ils puissent vraiment voler et se débrouiller seuls. L'année prochaine,  c'est peut-être l'un deux, devenu adulte, qui fera son nid sur le mur.

 

Publié dans OISEAUX

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P
<br /> belle histoire<br />
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F
<br /> <br /> Merci Poupinette     :))<br /> <br /> <br /> Dire qu'il y a des gens qui s'ennuient à la campagne. Il s'y passe pourtant tant de choses passionnantes.<br /> <br /> <br /> <br />