"Le jeu de l'amour et du hasard" (1)
1ère partie Comment une affiche peut changer une vie
Si j'ai emprunté ce titre à Marivaux, bien que mon histoire n'ait aucun rapport avec sa pièce, c'est parce que le hasard a joué un très grand rôle dans ma vie.
J'étais en deuxième année de licence d'anglais et je voulais devenir professeur. Une amie de ma mère, qui avait un fils qui faisait les mêmes études que moi. trouvait que j'étais un bon parti pour lui. Mon ex future belle-mère avait donc décidé que nous étions faits l'un pour l'autre et elle l'avait dit à ma mère, qui me l'avait répété. Elle avait un sens pratique très développé et avait tout de suite vu l'intérêt de cette union : comme nous allions enseigner la même matière, son fils pourrait, quand nous serions mariés, corriger non seulement mes copies, mais également les miennes, et préparer nos cours, ce qui me laisserait du temps pour m'occuper de la maison.
Je garde de lui l'image d'un garçon brun très timide. Le summun de notre intimité a été d'être parfois assis côte à côte sur le banc d'un amphi de la Sorbonne. Je n'ai même jamais su s'il était au courant des plans de sa mère ou même si je lui plaisais. Dans certaines familles, on en était encore, à la fin des années 50, au temps des mariages plus ou moins arrangés. Sans m'enthousiasmer, cette idée ne me déplaisait pas.
En plus des épreuves écrites et orales d'anglais, il fallait choisir une option. En général tout le monde prenait " littérature américaine " et je m'apprêtais à faire pareil. Mais un jour, alors que je me rendais à un cours, j'ai vu un colleur d'affiche, qui était en plein travail. Comme je suis curieuse, j'ai voulu voir de quoi il s'agissait. Mais il n'était pas très habile et l'affiche n'arrêtait pas de retomber lamentablement. J'ai failli passer mon chemin (et dans ce cas, je n'aurais certainement jamais mis les pieds au Danemark), mais la curiosité a été la plus forte. Quand il est enfin parvenu à redresser l'affiche et à la coller à grands coups de balai, j'ai vu que l'Institut d'Études scnadinaves" informait les étudiants de langues étrangères qu'ils pouvaient passer un certificat de Langues et Littératures scandinaves, qui entrait dans le cadre des options pour la licence.
J'ai alors tout de suite eu envie d'étudier le norvégien. En effet j'avais vu des documentaires sur la Norvège et la beauté des paysages et des aurores boréales m'avait donné envie de découvrir ce pays. Je me suis dit que la meilleure manière de le faire serait d'apprendre la langue. J'ai donc noté les heures de permanence du lecteur qui était chargé des inscriptions. Il n'y avait pas beaucoup d'enseignants dans cet institut. Si mes souvenirs sont exacts, il y avait un titulaire de chaire et un lecteur scandinave pour chaque langue. C'était le lecteur danois qui était chargé, pour toutes les langues, des inscriptions, qui avaient lieu à la bibliothèque Ste-Geneviève, Place du Panthéon.
Le lendemain en allant m'inscrire, j'étais un peu émue à l'idée que j'allais pour première fois rencontrer un Scandinave.
À suivre