L'ORTHOGRAPHE (1)
Après m'être aperçue hier que j'avais envoyé à une autre blogueuse un message écrit à toute vitesse et bourré de fautes, j'ai eu envie aujourd'hui d'aborder ce sujet.
Mon attitude a beaucoup changé au cours des années et je suis devenue heureusement beaucoup plus laxiste, mais il y a une vingtaine d'années et plus, je faisais carrément une fixation là-dessus. A l'époque, c'était une déformation professionnelle, car j'ai passé entre 1969 et 1998 une grande partie de mon temps à mettre des traits rouges sur des copies. J'enseignais en effet le français langue étrangère à Copenhague. Je voulais aussi garder ma bonne réputation : j'avais en effet un oeil de lynx (que j'ai conservé) et j'étais celle en qui les collègues avaient le plus confiance quand ils devaient faire relire des épreuves, avant publication, dans des ouvrages de recherche.
Mais bizarrement, en ce qui me concernait, j'étais myope comme une taupe (et je le suis encore). Celles / ceux à qui j'écris des mails l'ont bien sûr remarqué. Quand je ne me relis pas très attentivement, je laisse passer de ces énormités. Un ami qui était correcteur chez Gallimard, m'avait donné un conseil il y a très longtemps: il faut se relire ligne par ligne, en cachant à la fois ce qui est au-dessus et ce qui est au-dessous, avec deux feuilles de papier vierges. Sinon notre cerveau est distrait par l'environnement. Cette méthode est infaillible. Il m'avait expliqué pourquoi les fautes des autres me sautaient aux yeux, si je parcourais rapidement un texte, alors que je ne voyais pas les miennes: il paraît que si on a soi-même écrit un texte, on ne voit pas ses propres fautes car, quand on se relit, notre cerveau rétablit en fait la bonne orthographe, puisqu'il connaît le texte. C'est bizarre, mais exact. Mais apparemment il suffit que la mise en page soit différente. pour que le cerveau réagisse différemment. Même si j'ai essayé de bien me relire dans l'administration d'Overblog, avant de publier un nouveau texte sur mon blog, quand je vais voir s'il y est, c'est rare qu'une faute ne se saute pas immédiatement aux yeux.
Bien sûr toutes mes étourderies ("je faisait" et autres joyeusetés) n'ont fait que s'aggraver avec l'âge. Il y a les correcteurs orthographiques me direz-vous, mais ils ne sont pas au point et même ils corrigent parfois à tort du français correct. Et puis quelle perte de temps quand on écrit comme moi beaucoup et à toute vitesse ! Entre laisser passer des fautes et écrire beaucoup, ou bien faire très attention à l'orthographe et écrire peu, j'ai fait mon choix.
Au début j'en étais malade quand j'apercevais une (ou plusieurs) faute(s) dans un texte publié par moi sur le Net. Quand il s'agit d'un mail personnel, j'ai toujours la possibilité d'envoyer un mot pour corriger, avant que la personne ne mette sur moi l'étiquette d'analphabète. Mais ce n'est pas possible, si je laisse par exemple un commentaire sur un blog. Ma souffrance est alors ATROCE (si, si, je vous assure), car je ne peux rien faire. On peut en effet corriger ses écrits, mais pas sur le blog de quelqu'un d'autre.
Je ne souffre pas seulement à cause de mes propres fautes, mais je ne peux pas m'empêcher de me mettre à la place des autres. Je souffre en effet d'un cas incurable d'empathie chronique. Ainsi j'avais - jusqu'à une époque récente - une habitude que j'ai complétement abandonnée. Si dans une réponse à un mail, j'étais absolument obligée d'en citer un passage et qu'il y avait une / des fautes dedans, je la /les corrigeais, ni vu ni connu, en me disant que j'évitais ainsi à la personne de voir qu'elle avait fait une faute. Je pensais, à tort, qu'elle ne s'apercevrait de rien. Mais j'ai maintenant abandonné cette méthode censée épargner une vexation aux gens. Je me suis un jour en effet aperçue que quelqu'un avait cité une phrase que je lui avait écrite et dans laquelle j'avais vu - mais trop tard - que j'avais mis, dans un mot, un seul "l" au lieu de deux, . Et que vois-je ? La consonne oubliée avait miraculeusement retrouvé sa place. J'ai alors découvert à mes dépens que c'était encore pire de faire ça que de laisser la faute car, dans ce cas, on peut se consoler en disant: "Elle / il n'a peut-être pas remarqué ma faute", tandis que si la faute est corrigée en douce, on voit qu'elle a été remarquée et peut-être jugée. Alors maintenant j'ai abandonné le Copier / Coller. Même si ça prend plus de temps, j'écris: "tu m'as écrit que...." et je praphrase.
Donc si j'écris tout ceci aujourd'hui c'est pour vous dire que si vous êtes comme moi, que vous faites un jour une faute d'inattention et que vous en êtes malade, quand vous la découvrez dans votre commentaire sur mon blog, la solution est simple: si vraiment ça vous ennuie trop, vous me le dites. J'efface le commentaire et vous le remettez illico, une fois corrigé. Puis-je me permettre de vous demander le même service ? Quand vous verrez une faute, vous pourrez effacer mon commentaire, car souvent à la seconde même où j'appuie sur "publier", je vois la /les fautes partir sous mes yeux et c'est très désagréable.
Je voudrais aussi ajouter que certaines personnes assimilent à tort le fait qu'on fasse des fautes d'orthographe à un manque d'instruction, mais cela n'a rien à voir. D'une part on peut souffir de dyslexie. Mais je ne suis pas en train de me chercher des excuses, car je ne suis pas dyslexique, mais seulement distraite et surtout trop prolixe. D'autre part je crois que, de même qu'on est doué ou au contraire nul en maths, on a une bonne orthographe innée ou pas. Ma mère n'avait que son cerficat d'études et elle n'a jamais fait de fautes d'orthographe, même quand elle avait plus de 80 ans.